Voici un podcast publié sur RCF et écrit par le président, Denis La Mache :
https://www.rcf.fr/actualite/carte-blanche-0?episode=399034
“Ces dernières années de nombreuses communes rurales ont fusionnées, donnant naissance à des communes nouvelles. Alors ? un échec ou une réussite ? C’est pas si simple… et ça dépend surtout de ce qu’on en attendait.
Issues de plusieurs lois de réforme territoriale, les communes nouvelles ont-elles permis des mutualisations utiles et des économies d’échelle ? Oui, parfois. Mais les incitations financières et l’insuffisance de maturité de certains projets ont aussi mené à des échecs. Sans oublier d’autres effets induits : politisation, technocratisation, perte de proximité…Il est aujourd’hui possible de dresser un bilan de ce mouvement des communes nouvelles.
La première raison qui a présidé à la création des communes nouvelles, c’est la mise à profit les incitations financières de l’État. Pour profiter de la manne avant les dates butoirs, beaucoup de communes se sont dépêchées, remettant la réflexion sur le projet de territoire à plus tard. Cela n’a pas empêché certaines communes nouvelles de tirer avantage de leur fusion. En matière d’investissements d’abord (réseau d’assainissement, salle des fêtes…) .
Pour ce qui est du fonctionnement, c’est plus compliqué. Selon une étude sur l’évolution des dépenses de fonctionnement réalisée sur les communes nouvelles créées avant 2015, « la première année de fonctionnement, 45 % des communes nouvelles avaient diminué le fonctionnement contre 55 % en augmentation. Sur une plus longue période, soit entre l’année précédant la création et 2020, 19 % seulement réduisent le fonctionnement . En cause ? La masse salariale : Surtout dans les grandes communes nouvelles, le bénévolat de citoyens ou d’élus a reculé au profit de l’emploi salarié. Et oui : on s’investit plus pour son petit village que pour sa grosse agglomération.
Pourtant, il avait été avancé que la création de communes nouvelles était la solution pour répondre à la pénurie d’élus. Résultat : en 2014, 62 communes étaient sans candidats, en 2020, malgré les créations de communes nouvelles, 106 communes étaient sans candidats. Les communes nouvelles ont même au contraire entraîné de nombreuses démissions de conseillers municipaux, regrettant de voir s’éloigner la proximité.
La vraie raison qui aurait dû présider à la création de communes nouvelles, c’est la réalisation de nouveaux projets de territoire. Ca va d’autant plus de soi, quand préexiste une géographie commune, des continuités urbaines, des collaborations fortes ou une identité commune .
On observe, selon l’enquête précitée, que le projet de territoire ne vient qu’en quatrième et cinquième raisons annoncées par les élus, à savoir maintenir et développer des services publics (67 %), mener de nouveaux projets (49 %). Force est de constater que certains projets ont été précipités par la volonté d’engranger les avantages financiers avant les dates butoirs. On a squeezé des étapes incontournables : diagnostic de l’existant, définition d’objectifs de territoire, etc.
Les phases de mûrissement qui prennent du temps et nécessitent d’associer, en amont, la population et les forces vives locales ont rarement eu lieu ou ont été réduites à des réunions publiques. De fait, la loi autorise les conseils municipaux à décider seuls. La concertation n’est pourtant pas un luxe. Elle permet de choisir le bon périmètre et d’éviter l’opposition frontale ultérieure de la population. Ca peut aussi permettre de renoncer (au moins provisoirement) à créer la commune nouvelle si le projet de territoire n’est pas assez solide.
Pour les communes nouvelles créées lors du précédent mandat et dont les résultats et l’approbation de la population ne sont pas au rendez-vous, le grand enjeu de ce mandat 2020-2026 est de réintroduire de la proximité. Et oui. Et si, finalement, l’enjeu de tout projet d’aménagement du territoire, était avant tout humain ?”